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Quand Yves Navarre lisait Virginia Woolf

Yves Navarre a lu Virginia Woolf avec passion. Preuve en est la chronique qu’il publia en 1975 dans le magazine Playboy lors de la sortie du deuxième volume des œuvres romanesques de l’écrivaine publiées aux éditions Stock.

Les lectrices et lecteurs de Biographie (Flammarion, 1981) auront peut-être retenu qu’Yves Navarre, lors d’un séjour à l’hôpital durant sa jeunesse (1), avait notamment lu To the Lighthouse de Virginia Woolf. Plus révélatrice de la passion d’Yves Navarre pour l’écrivaine anglaise est la chronique publiée en février 1975 dans l’édition française de Playboy, magazine auquel l’auteur collabora régulièrement cette année-là. Il y rend compte de sa lecture du tome II de L’Œuvre romanesque de Virginia Woolf, notamment des Vagues, roman traduit par Marguerite Yourcenar dont il salue également le talent.

« Parlons […] du tome II de L’Œuvre romanesque de Virginia Woolf aux éditions Stock. Après tout on parle de Woolf, comme de Joyce ou de Proust. On dit volontiers : “Je suis en train de relire…” Relire ? Mieux vaut peut-être admettre qu’on a toujours boudé ces plaisirs du texte. Et dans ce tome II on retrouve trois romans de Virginia Woolf, dont deux très grands romans Orlando et Les Vagues. Ce dernier dans “la” méticuleuse traduction de Marguerite Yourcenar. Et il faut entendre “méticuleux” dans le sens le plus merveilleux du terme. Car Les Vagues se présente comme une forme d’oratorio romanesque dans lequel se succèdent et s’entrecroisent les monologues intérieurs de six personnages aux prises avec les éblouissements et les ravissements de leurs enfances, l’isolement et la solitude de l’âge mûr qui se veut, ou se voudrait, l’âge sage. Et Marguerite Yourcenar a su avec une réelle complicité d’auteur, rendre en français ce que Woolf avait donné à la langue anglaise. À ce roman qui nous envoûte petit à petit, il fallait cette traduction si proche, si juste, qu’elle nous parait “l’original”. Bien sûr, lire Virginia Woolf c’est faire acte de lecteur déterminé. Il faut “entrer” dans le jeu subtil de ce romanesque. Et nous avons un peu perdu cette volonté-là. La récompense, le premier pas fait, est au niveau de l’art absolu, de la re-création de l’imaginaire et d’une véritable récréation dans l’imaginaire. II faut se laisser prendre par Les Vagues. Dans ce tome II, autre chef-d’œuvre : Orlando. Et Entre les actes. Tous deux fascinants quand on s’est, par initiation, laissé emporter par Les Vagues. » (2)

(1) Biographie, chapitre 64, Le show
(2) Playboy, février 1975

 

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