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Donations de Tienda & Gubler : de nouvelles archives complètent le Fonds Yves Navarre de Montpellier

Le 24 septembre 2019, le fonds d’archives Yves Navarre de Montpellier s’est enrichi des donations de deux proches de l’auteur, Anne de Tienda et Claude Gubler. Gilles Gudin de Vallerin, directeur des médiathèques et du livre de Montpellier Méditerranée Métropole, a reçu, à la médiathèque centrale, Anne de Tienda, Isabelle Marsala, adjointe au Maire de Montpellier, déléguée à la Culture ainsi que les responsables et des membres des Amis d’Yves Navarre. Au cours d’une cérémonie émouvante, les différents intervenants ont rappelé l’importance d’un tel fonds pour la pérennité de l’œuvre d’Yves Navarre.

Déjà riche de la donation Perrenoud, à l’origine de la création du fonds en septembre 2017, les archives Yves Navarre de Montpellier ont reçu de nouveaux documents personnels et tapuscrits qui passionneront les chercheurs et amateurs d’histoire de la littérature et de création littéraire. Les legs d’Anne de Tienda et de Claude Gubler contiennent en effet de nombreux tapuscrits de textes écrits par Yves Navarre entre 1986 et 1994. D’autres exemplaires de ces tapuscrits figuraient déjà dans les archives léguées par la famille Perrenoud en septembre 2017. Certains d’entre eux demeurent inédits à l’exception de trois nouvelles rassemblées dans le recueil Avant que tout me devienne insupportable et du roman Pour dans peu, publiés respectivement par les éditions H&O en 2006 et 2016.

Surtout, Anne de Tienda et Claude Gubler ont tous les deux entretenu une importante correspondance avec l’auteur qui leur adressait régulièrement lettres et cartes postales lors de ses nombreux voyages et tout particulièrement durant sa «  période québécoise  » entre juillet 1989 et septembre 1991 : plus d’une centaine de lettres et cartes envoyées à Claude Gubler de février 1987 à janvier 1994 et environ 120 lettres et cartes adressées à Anne de Tienda de mai 1985 à janvier 1994. Cette dernière a aussi transmis 16 albums dans lesquels Yves Navarre avait rassemblé des cartes postales et des lettres reçues entre septembre 1988 et juin 1989, dont une soixantaine de la famille Perrenoud, pendant complémentaire et exceptionnel aux archives déjà léguées par celle-ci. Parmi les autres correspondants figurent notamment François Mitterrand, Danielle Mitterrand, Michel Tournier, Pierre-Jean Remy, Emanuel Ungaro, Alekos Fassianos. On répertorie aussi quelques photographies, portraits de l’auteur.

Enfin, deux objets s’ajoutent aux archives papier : Claude Gubler lègue un coffret en bois dans lequel Yves Navarre rangeait ses tapuscrits, tandis qu’Anne de Tienda a remis la précieuse Valentine, une machine à écrire que l’auteur avait offerte à Didier Combe, son kinésithérapeute, qui l’avait confiée à son tour à Anne en 2016.

Anne de Tienda et Claude Gubler, amis et confidents d’Yves Navarre

Anne de Tienda est née en novembre 1958 à Safi, au Maroc. Longtemps ergothérapeute dans un centre de rééducation fonctionnelle, elle fut amenée à s’occuper d’Yves Navarre après l’accident vasculaire cérébral de celui-ci en novembre 1984. Elle devint très vite l’amie et la confidente de l’auteur et l’épaula inlassablement jusqu’à la disparition d’Yves Navarre le 24 janvier 1994. Elle fait partie des ayants droit d’Yves Navarre et fut l’une des premières adhérentes de l’association de ses Amis.

Claude Gubler est né le 14 mai 1934, à Paris. Sa mère avait autrefois travaillé avec le père d’Yves Navarre, lorsque ce dernier dirigeait l’Institut Français du Pétrole. Ils s’étaient donc connus tout jeunes avant de se perdre de vue durant leurs études. Ils se sont retrouvés lorsque le docteur Gubler suivit François Mitterrand à l’Élysée et devint officiellement le médecin personnel du président. Claude Gubler fut lui aussi un ami fidèle d’Yves Navarre et son confident.

Anne de Tienda et Claude Gubler sont longuement évoqués dans Les Fleurs de la mi-mai et Carnet de bord, deux des textes qui composent l’ouvrage Romans, un roman (Albin Michel, 1988). Par la suite Yves Navarre les remerciera en les citant (eux ou leurs animaux de compagnie) parmi les dédicataires de certains de ses livres (La Terrasse des audiences au moment de l’adieu, Poudre d’or).

« Rien ne peut arrêter la parole quand elle circule » • Discours d’Anne de Tienda (avec son aimable autorisation)

Il y a 35 ans que j’ai rencontré pour la première fois Yves Navarre. Cette rencontre, à bien des égards, a changé ma vie. Il y a eu pendant plus de 10 ans des moments partagés, intimement partagés à Paris, Lioux, Montréal. Il y a eu des voyages, des retrouvailles, des larmes, des sourires, des anecdotes, des dîners — beaucoup de diners — et des soirées mondaines dans ce Paris qu’il m’a fait découvrir.

Lorsque je lui annonçais ma venue, il laissait la porte ouverte, et j’entrais. Je ne « passais pas le voir » en coup de vent, c’était impossible d’envisager cela avec lui. Je donnais à ces moments du temps, de mon temps. Je ne repartais jamais sans un document, un livre, un manuscrit, un objet ou un gâteau. Les gâteaux je les ai mangés, mais tout le reste je le déposais chez moi. Une étagère puis deux se sont remplies, au fil de ses déménagements successifs. Et puis ces lettres toujours plus nombreuses et reconnaissables remplissaient des boites.

Après le 24 janvier 1994, j’ai mis du temps à pouvoir ouvrir ses livres, ces cartons, ses albums. Vous ne pouvez pas savoir combien sa voix me manque ; elle me renvoie à des flashs. J’ai d’ailleurs toujours du mal à entendre son timbre de voix sauvegardé lors des interviews. Il me restait heureusement Wanderlust son chat.

L’année dernière, moi aussi j’ai dû déménager, la maison de mes parents d’abord, une petite maison en Bourgogne ensuite, et mon appartement à Paris enfin. Cela remua beaucoup de choses, ces souvenirs à dépoussiérer ! J’avais au fil du temps éparpillé les cartons estampillés « Yves ».

« Rien ne peut arrêter la parole quand elle circule » (Chapitre 49 « Trois contes », La Terrasse des audiences au moment de l’adieu). En effet, rien ne peut arrêter la parole lorsqu’elle circule. Et cette journée si particulière pour moi en est la preuve. Je donne aujourd’hui pour mieux faire circuler, et c’est pour moi le plus important pour que vive Navarre.

Cette cérémonie, partagée avec Claude Gubler, est empreinte du souvenir des derniers moments où nous nous sommes relayés auprès de l’ami Yves.

Je souhaite également vous remettre des archives sonores retrouvées mais également et surtout cet objet si symbolique : Valentine, sa fidèle machine à écrire.

Je remercie la médiathèque de Montpellier de réunir mes fonds et de les associer aux autres. Je remercie L’association des Amis d’Yves Navarre — Karine Baudoin, Sylvie Lannegrand, Philippe Leconte — et les éditions H&O avec Henri Dhellemmes.

© Photos : Philippe Ferrer (Valentine, Anne de Tienda et photo de groupe) et Claude Goga (archives Gubler et portrait Sylvie Lannegrand).

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