Yves Navarre et Maurizio Pollini : les deux versions d’un même concert
- Karine
- Avr, 02, 2024
- Vie de l'auteur
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Suite au décès de Maurizio Pollini, Philippe Leconte nous invite à découvrir deux courts textes d’Yves Navarre écrits après avoir assisté à un concert du célèbre pianiste en 1980.
Considéré par de nombreux mélomanes comme l’un des plus grands pianistes de notre temps, le virtuose italien Maurizio Pollini s’est éteint le samedi 23 mars à Milan, la ville où il était né en 1942. En 1980, il se produisit à plusieurs reprises au Théâtre des Champs-Élysées devant des salles combles, souvent à guichets fermés depuis de longs mois. Yves Navarre assista à deux de ses récitals cette année-là, le 23 mai et le 20 juin. Il en témoigna à la fois dans son Journal et dans Biographie. Yves Navarre était alors en pleine rédaction de Biographie et souffrait de douleurs physiques aiguës conséquentes d’hémorragies répétées et de malaises aggravés par des nuits d’insomnies ou de cauchemars. Son amie, la célèbre photographe japonaise Yoshi Takata, avait réservé des places depuis fort longtemps pour le récital du 23 mai. L’écrivain souffrait le martyre, mais il tint malgré tout à assister au concert.
Nous vous proposons ici les deux témoignages d’Yves Navarre de cette soirée : le premier, inédit, rédigé dans son Journal juste après la prestation de Pollini ; le second, publié dans Biographie, au chapitre 30. L’occasion pour nous d’observer dans deux courts passages l’œuvre navarrienne s’écrivant au jour le jour : deux versions d’un même moment, écrites à un jour d’intervalle (le 24 mai pour le Journal, le 25 mai pour Biographie).
Samedi 24 mai 1980 : « Hier, je me suis efforcé d’aller au concert. Yoshi m’invitait. Ce fut un enchantement : rigueur du jeu de Pollini, netteté, proche émotion de tous les instants. Un jeu sans aucune fioriture. La beauté. » (1)
« Vendredi, récital Maurizio Pollini au théâtre des Champs-Élysées. Yoshi m’accompagnait. Elle se faisait une fête de m’y emmener depuis six mois qu’elle avait acheté les billets. J’ai tenu jusqu’au bout. La Fantaisie en ut de Schumann, les Klavierstücke 118 et 119 de Brahms : la douleur me rivait au fauteuil, mêlée au plaisir sensuel, juste, bouleversant de l’interprétation et de l’écoute » (2).
1. Journal, manuscrit déposé à la Bibliothèque nationale du Québec, devenue BAnQ, à Montréal. Pour en savoir plus sur ce journal, on lira le travail de Sylvie Lannegrand intitulé Du journal à l’oeuvre : « Écrire, mon secret, ma captivité, ma vie », Yves Navarre.
2. Biographie, in Œuvres complètes 1980-1981, H&O 2023, page 784.
Crédit photo : Maurizio Pollini, 1er mai 1978 © Imago / Mary Evans.
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